Vous imaginez bien que cette question est loin d’être innocente. Devez-vous vous faire mal pour progresser ? Étant de nature médiatrice, je vais tenter de ne pas vous faire une réponse de Normand.
Ceux qui réussissent se font mal à l’entraînement
Et que dire de celles et ceux qui ne se font pas mal et qui progressent tout autant ? Voilà, le cadre est posé.
Commençons par notre personnalité:
Certains ont une personnalité plutôt douce, calme et d’autres sont au contraire plutôt « rentre dedans » et dynamiques.
Je connais des coureurs très posés, zen, qui suivent leur plan d’entraînement sans se mettre dans le rouge et qui performent sans souci. D’autres, ont besoin de vivre leur entraînement comme si leur vie en dépendait. 2 salles, 2 ambiances ! Je pourrais vous donner de nombreux exemples mais vous avez compris le principe.
La zone de confort référence :
Je n’apprécie pas ce terme de zone de confort qui est à mon goût trop marqué. J’y préfère celui de zone de référence. C’est-à-dire, celle dans laquelle vous avez vos critères, vous connaissez vos capacités et vos compétences. De plus, vous y avez une vision claire de vos limites. De ce fait, cette zone ne porte pas le poids du « confort » ni de l’inconfort. Les deux peuvent en faire partie et cohabiter.
En revanche, rien de vous empêche de l’agrandir autant qu’il vous plait. Et c’est là tout l’enjeu de la préparation mentale et physique.
Alors, se faire mal ou non ?
Imaginons que vous souhaitiez améliorer votre RP sur marathon, de 03h45 à 03h15. Si vous courez 2 fois 5 km par semaine en endurance fondamentale, il sera assez commun de dire que ce ne sera pas gagné.
Or, ce n’est pas non plus en pratiquant que des fractionnés longs 6 fois par semaine que vous allez progresser. Peut-être sur le court terme (et encore). Vous risquez surtout de vous fatiguer, de vous blesser et de vous démotiver.
Le truc ? C’est le dosage et la progression ! Un entraînement correctement structuré va vous amener à agrandir votre zone de référence en dosant vos efforts et en progressant au fur et à mesure des semaines. Il vous proposera également toute une gamme d’exercices et d’entraînements différents (escaliers, fractionnés, montées, descentes, entraînements croisés…). Il aura donc pour but d’améliorer votre foulée, votre endurance, votre vitesse, votre mobilité, votre proprioception en étant diversifié.
Alors oui, il vous faudra par moment donner un peu plus de votre personne pour améliorer votre vitesse, votre puissance et votre ténacité. Toutefois, attention de ne pas prendre exemple que sur les élites qui ont souvent un long parcours derrière eux et qui ont surtout répéter leurs gammes.
Attention aussi de ne pas vous comparer à quelques coureurs qui ont des capacités génétiques, naturelles, hors normes (au hasard… Kilian Jornet). Ni de prendre exemple que sur des trainings à la façon des Kenyans qui ne jouent pas dans notre catégorie. Sur ce sujet de prendre exemple, je vous invite à vous intéressé au processus vicariant. J’en parle dans cet article sur le sentiment d’efficacité personnelle – paragraphe 2 l’apprentissage social.
Soyons donc prudents sur ce que les images nous font passer comme messages. Surtout quand elles viennent d’entraînements de pros, qui, pour le coup ont des objectifs tout autres que les nôtres.
Je suis parfois surpris du mal que peuvent se faire certains amateurs juste pour briller auprès de quelques potes de boulot.
Les objectifs en préparation mentale
Objectif de l’égo : le plus vicieux, car il vous fait croire que vous serez capable de voler au-dessus des chemins durant un ultratrail. La réalité sera bien différente.
Objectif de résultat : être sur la première marche du podium est compréhensible si vous aimez la compétition. Toutefois, il ne dépend pas que de vous. Vous n’êtes jamais à l’abri de tomber sur plus fort que vous. Mais aussi de tomber « tout simplement » ou encore de vous blesser.
Objectif de performance : celui-ci commence à devenir plus intéressant pour vous préparez mentalement. « Je vaux 03h30 au marathon et mon objectif est de passer à 03h27 ».
Objectif de processus : certainement le préféré, car pour progresser dans votre activité sportive vous allez focalisé sur les points clés à travailler : foulée, position des bras, régularité durant les intervalles, répondre présent aux entraînements, augmenter par exemple de 10% votre charge kilométrique hebdomadaire, savoir réguler vos entraînements, faire du renforcement musculaire 1 fois par semaine etc.
Au fur et à mesure, vous allez développer vos capacités de course en focalisant sur des points qui dépendent uniquement de vous. C’est en cela que vous deviendrez performant et que vous aurez des résultats.
Devez-vous faire mal ?
Parfois, nous avons besoin de décharger le stress et le trop plein d’énergie. Allez se défier lors d’une session sur piste ou en montagne peut nous faire un bien fou.
Soyez cependant attentif de ne pas voir vos entraînements que par le petit trou de la lorgnette. J’ai vu beaucoup (trop) de sportifs se cramer en croyant que chaque entraînement était un combat.
Ma suggestion : élargissez votre zone de référence en ajustant votre progression. Et cette progression vous demandera, c’est évident de faire quelques efforts supplémentaires mais pas de vous faire mal (pour rien).
Faites la différence : entre se faire mal et faire des efforts structurés.