Courir à côté du géant Hovsgol
Hovsgol ou Khovsgol est un lac mongol perché à 1600 mètres d’altitude. Il est notre point de repère et le compagnon des participants à l’ultratrail Mongolia Sunrise to Sunset. C’est à côté de lui que le camp de base est installé. Majestueux et calme il nous rappelle la force et la grandeur de la nature. Pourtant, ce n’est pas lui que j’ai eu à combattre. Non, celui qui aura eu raison de moi est infiniment petit… un virus vicieux qui s’est logé aux fin fond de mes entrailles…
En route camarades !
La course débute mercredi 03 août 2016 à 4h. Les organisateurs réveillent le camp avec une musique jouée à la flûte. De toute façon j’ai déjà les yeux ouverts depuis plus de 30 minutes. Je me sens en pleine forme, je suis positif et je suis impatient de courir ce trail. Mardi j’ai encore pris le temps de répéter ma stratégie : partir tout doucement, marcher quand il le faut, courir en endurance. Bref, jouer la prudence car on nous a annoncé que le terrain est particulièrement glissant dans deux descentes (l’herbe recouvre des pierres « rigolotes »).
Nous prenons le p’tit dèj, les affaires sont prêtes, le contrôle du matériel obligatoire se déroule sans souci, tous les coureurs sont calmes, il y a une belle ambiance d’avant course malgré la pluie qui ne nous épargne pas chaque nuit. On nous appelle sur la ligne de départ, il est environ 03h50. Les Mongols se placent devant. Les gars connaissent parfaitement le terrain et au coup d’envoi ils déboulent comme leurs jeunes chevaux : au taquet !
Le premier passage dans la forêt (un single recouvert d’herbe et traître à cause des racines et des pierres qui sont cachées) est un peu ma bête noire… Pas très à l’aise je fais le choix de marcher sur ce chemin en faux-plat. Je suis un Japonais qui me prévient à chaque tronc qui nous coupe la route. Je mets environ 35 minutes pour sortir de ce chemin alors que les premiers sont déjà très loin devant et que je suis positionné pratiquement en fin de file.
1ère aid station
Dès lors et pour atteindre le 1er ravito au 12ème kilomètre, je cours à une moyenne de 10 km/h et je remonte les concurrents. A la façon Pacman j’en mange une bonne dizaine. Il faut savoir que nous devons être une cinquantaine sur ce trail. A partir de ce ravitaillement nous attaquons la 1ère montée. Comme j’avais repéré ses 3ers km je me sens à l’aise et je suis mes propres consignes (alternance marche/course). Il fait un peu frisquet car nous montons à 2300 mètres et une première alerte se fait pressante… il faut s’accroupir les fesses à l’air pour soulager les intestins !
Le jour se lève, le lac Hovsgol se découvre au loin… Je cours en Mongolie, j’ai les larmes aux yeux, je suis tellement heureux d’être là. Je vais crapahuter un certain temps, seul, dans les montagnes mongoles. Avant la première descente un cavalier mongol me salue. Je m’arrête. Je lui serre la main. Il a le sourire jusqu’aux oreilles. Je fais un selfie avec lui. Il rit. Moment privilégié entre 2 âmes. Cette descente n’est pas aussi terrible que ce que je croyais mais j’assure mes pas. En bas, c’est plus humide, plus mousseux, par moment je suis les traces d’herbes couchée par les premiers participants qui doivent déjà être bien loin. Jusqu’au 25ème kilomètre rien à signaler. J’apprécie chaque moment. Je profite à 200% de l’instant présent. Je m’en mets plein les yeux. Je vibre d’être ici.
Garder Ruth en vue
Au 25ème il y a le 2ème ravito. Pomme de terre, eau, thé, quelques fruits… Les bénévoles sont d’une gentillesse incroyable. Ils s’occupent de mon sac et le remplissent d’eau. Ils sont au petit soin. Plusieurs coureurs me rattrapent. On papotent. Je ne reste pas trop longtemps car je sais que le trail n’est pas ma discipline privilégiée et je suis très lent par rapport aux autres coureurs. J’ai en point de mire Ruth Murdie une anglaise qui vit en Australie. On sent qu’elle en veut. Elle a environ 200/300 mètres devant moi. Je ne la rattraperai que 5 km plus loin.
Vers le 27ème km je m’aperçois que mes mains ont gonflées. Zut, les manchons sont en train de me couper la circulation sanguine. Je m’arrête le temps de les enlever, les placer dans le sac, enlever mon coupe vent… Et je trace de nouveau derrière « mon lièvre ». Je suis étonné par le faux-plat alors que je sais que nous avons une grimpette à conquérir.
Au 30ème, je comprends dans quoi on s’embarque… Punaise ! Je suis dans les pas de Ruth. Le dénivelé est très costaud. Mon GPS indique que je marche à 2 km/h… Le terrain est glissant, mousseux, parsemé de pierres, de branches qui gênent le passage et griffent, nous enjambons des troncs… Ruth me dit que je peux la doubler (je trouve à ce moment là qu’elle a beaucoup d’humour). Je lui dit dans mon anglais digne de faire partie d’un sketch de Gad Elmaleh que son rythme me convient très bien. C’est long, très long, je n’en vois pas le bout. Les moustiques s’occupent de moi et un taon me pique. Croyez-moi en Mongolie ces bestioles sont élevées au lait de yak et leurs piqûres sont douloureuses (je peste !).
Quand les tracas s’en mêlent
Tout à coup sans prévenir, je sens des nausées et je me mets à vomir, le rythme cardiaque s’accélère, la respiration s’affole et les jambes flageolent. Je me dit que c’est l’effort et que je vomirai une 2ème fois et que ça passera. Mauvais diagnostic. Crampes d’estomac et nausées ne me lâcheront quasi plus. Au ravitaillement du 32ème je ne prends que de l’eau et je me force à boire. Je descend tranquillement, un Mongol me double comme un chamois. Il a dû mettre des skis sous ses baskets !
Vers le 33ème je vomis de nouveau. Nicolas de l’organisation me rejoint. Je lui explique la situation. Il préviendra le toubib de mon arrivée au 42ème km (au camp de base). Il prend le temps de m’accompagner un moment. De nouveau seul j’alterne marche (surtout marche) et course. 2 coureurs me doublent. Je décide de m’accrocher mais régulièrement je stoppe car trop de nausées.
Utiliser la colère comme moteur
A quelques kilomètres de la distance marathon, je suis pris d’une furieuse colère ! Les muscles ne sont pas fatigués, la température est idéale, j’ai tout fait pour être là, sur ce trail en Mongolie ! Alors ça m’agace et ça m’énerve. Du coup j’accélère et je retrouve Nicolas. Nous arrivons ensemble au camp de base. Il m’aide pour la traduction auprès du toubib qui m’ausculte sur le champ. Ma belle aventure s’arrête là. Je serai classé sur le marathon avec un temps moyen de 6h36.
Je me suis rapproché du lac Hovsgol. J’ai pleuré un bon coup. J’ai parlé à ce géant. Je l’ai questionné : pourquoi ? Et j’ai bien dû accepter la situation. J’apprendrai dans la journée que d’autres coureurs avaient stoppé pour les mêmes raisons. Certainement un virus qui traînait… Depuis que je suis rentré la situation c’est un peu dégradée : mal de tête, toujours les symptômes et une gorge douloureuse. Ça passera mais ma déception (même si ça ne dépend pas de moi) est grande. Je m’en remettrai.
Feedback
C’est une course exigeante et il ne faut pas se fier au profil. En coaching nous disons que la carte n’est pas le territoire. Ce trail en est une belle représentation ! Magnifique, je vous le conseille si vous aimez courir sur des terrains très variés. L’ambiance est chaleureuse, les nomades Mongols sont vos principaux supporters et ils vous encouragent sur différents points du parcours.
Peut-être que j’y retournerai. Peut-être que je courrai encore près de toi Hovsgol, car il me manque quelque chose : 58 km !
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